© Adrien Piper

Recherche f(p)

SYMPOSIUM FONCTION PRÉSENCE

TERMINÉ

Expérimentation et intensification de la présence par la pratique de l’écriture et du méta-art.

f (p) est un dispositif de recherche-création, collectif et interdisciplinaire, qui porte sur les enjeux de la présence dans le temps de l’expérimentation, et sur la façon dont cette présence s’expérimente par les mots. Comment, par les mots, l’expérimentateur affine-t-il son propre discernement ? Comment intensifie-t-il sa présence et son attention à ses expérimentations ? Le méta-art conceptualisé par Adrian Piper dans son article « In support of meta-art », (« Artforum », 1973) constituera notre point de départ pour explorer le lien entre le langage et l’expérimentation, interroger la façon dont la recherche s’écrit en se faisant, questionner la spécificité d’un langage propre à l’expérience et à la recherche en chantier, envisager la spécificité de la parole des artistes.

Ce symposium s’appuie sur la première traduction française de ce texte publié par les éditions du Brame (octobre 2020) sous le titre « Pour le méta-art », traduit de l’anglais (États-Unis) par Véronique Béghain (Université Bordeaux Montaigne). À l’instar d’une fonction mathématique, relations et variations entres différents ensembles, f (p) ouvrira un espace-temps pour le partage de la recherche sous forme de communications scientifiques et d’expérimentations collectives (ateliers, performances, etc.).

Le mot grec « symposium » est synonyme de « banquet » (on se souvient de celui de Platon), on y partage des savoirs, on y mène des expériences physiques dans une ambiance intellectuelle : les yeux, les mains, le corps tout entier est cerveau. Dans cet esprit, le symposium f (p) ouvrira un espace de partage de recherche de chacun tout en intégrant des temps d’expérimentation communs.

Enjeux

Dans un entretien avec Michael Kirby et Richard Schechner, publié dans la « Tulane Drama Review » en 1965, John Cage énonçait : Je me suis posé des questions sur la musique […] et j’ai décidé que je ne poursuivrais pas cette activité à moins qu’elle soit utile, à moins que je ne trouve des réponses qui me paraissent justifier d’y vouer ma vie. J’ai découvert grâce à la philosophie orientale, à mon travail avec Suzuki, que ce que nous faisons, c’est vivre, et que nous n’avançons pas pour atteindre un but mais que nous sommes pour ainsi dire, constamment au but et que nous changeons avec lui, et que l’art, s’il doit accomplir quelque chose d’utile, doit nous ouvrir les yeux à cet égard. En art, cette action d’« ouvrir les yeux » peut être synonyme de conscience, d’attention, de discernement ou tout simplement de qualité de présence. Elle résonne avec le méta-art conceptualisé par Adrian Piper, pour défendre une activité auto-réflexive des artistes.

Adrian Piper publia le texte « In support of meta-art » en 1973 dans « Artforum ». Elle y présentait le méta-art comme une activité cognitive et épistémologique que les artistes pouvaient mener en parallèle ou à la place de leur art. Les enjeux étaient multiples. Il s’agissait d’une méthode d’écriture comme exercice de connaissance. Il s’agissait aussi d’exprimer la matérialité de l’activité de l’artiste : affirmer l’imbrication de l’art dans la matière, l’économique, le social, le politique et, ce faisant, reconsidérer le processus de l’activité artistique comme un moment nécessaire à la compréhension des œuvres d’art. En défendant une prise de parole spécifique aux artistes, dans un contexte où le discours sur l’art était tenu par les théoriciens, Adrian Piper revendiquait le fait que l’art et les artistes devaient occuper une place centrale dans la société. Les différents textes, documents ou créations d’Adrian Piper qui entraient dans cette pratique du méta-art firent l’objet d’une publication en deux tomes sous le titre « Out of Order, Out of Sight » (MIT Press, 1996).

f (p) souhaite interroger l’actualité de ce texte, expérimenter collectivement le continuum entre théorie et pratique, et questionner les limites de ce qui fait œuvre.

L’artothèque proposera mercredi 12 mai à 10h30 l’expérimentation d’un dispositif de médiation ainsi qu’une conversation et un atelier autour d’une sélection d’œuvres de sa collection, avec l’artiste Nicolas Aiello. 

Symposium interdisciplinaire organisé par Céline Domengie avec les soutiens de CLAREARTES (UBM Université Bordeaux Montaigne) et ALTER (UPPA – Université de Pau et des Pays de l’Adour) avec la participation du Smavlot 47 et de les arts au mur artothèque, Pessac.

Le texte d’Adrian Piper « Pour le méta-art », traduit de l’anglais (États-Unis) par Véronique Béghain, suivi de « Lettre à Adrian Piper » de Céline Domengie, est disponible : www.editionsdubrame.fr

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